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Ma comptabilité d’entrepreneur, ce que je n’aurais jamais dû faire

Temps de lecture : 9 minutes

Publié le 07 septembre 2023

Clémence Aulas

entrepreneur-calcul

VOUS ÊTES ENTREPRENEUR(E) ???? mais pas comptable…

Et pourtant, cette partie de votre suivi d’activité est une étape capitale pour son développement !

Nous avons interrogé l’une de nos responsables comptable ; Marie Membrut, pour en savoir plus sur les faux pas et les idées reçues autour de la comptabilité d’entrepreneur.

Voici des situations et pièges dans lesquels il ne faudra surtout pas tomber lors de la gestion de votre comptabilité d’entreprise.

S’emballer suite au résultat de sa société et prendre beaucoup trop de rémunération.

A quelle rémunération avez-vous droit ?

Quels sont les effets de celle-ci sur l’entreprise ?

En société, la rémunération doit être établie dans les statuts, par le conseil de surveillance ou d’administration, à travers une décision collective des associés, ou encore lors de l’assemblée générale.

En tant que dirigeant d’une entreprise, que vous portiez le titre de gérant ou de président, la fixation de votre rémunération n’est pas laissée au hasard. Bien que cela ne soit pas assimilé à un salaire, nécessitant un contrat de travail, votre rémunération doit être approuvée par les associés de la société. Soyez rassurés, l’approbation de la rémunération par les associés ne rend pas son montant public. Cette rémunération peut rester confidentielle, à condition qu’elle ne soit pas mentionnée dans les statuts de la société.

A noter : il est possible de mentionner la rémunération du dirigeant dans le statuts. Dans les faits, cela signifie qu’il faudra modifier les statuts dès qu’il vous faudra ajuster le montant de votre rémunération. Evidemment, ça n’a rien de pratique. Ce pourquoi nous conseillons à nos créateurs de le préciser à la constitution.

Quelle est la pertinence pour votre structure ?

La rémunération payée par la société ne correspond pas directement à ce que vous percevrez. Elle englobe les charges sociales que la société paye sur la somme versée. Après déduction des charges sociales de la rémunération brute, vous obtiendrez votre rémunération nette.

Le montant de ces charges dépendra de votre régime social en tant que dirigeant. Par exemple, un président de SAS ou SASU cotise au régime général de la sécurité sociale en tant qu’assimilé salarié, ce qui entraîne des charges sociales plus élevées en raison de la couverture sociale étendue. En revanche, pour un gérant majoritaire de SARL ou un gérant de SCI, la couverture sociale est moins importante car ils sont considérés comme des travailleurs non salariés (TNS, entraînant des cotisations sociales moins élevées).

Quelle est la rémunération à laquelle vous avez droit ?

En qualité de dirigeant d’entreprise, vous pouvez choisir de percevoir une rémunération fixée par les associés.

En tant qu’associé(e), vous recevez des dividendes lorsque la société réalise des bénéfices, le montant étant proportionnel à votre participation dans la société.

Si vous êtes à la fois dirigeant et associé de la même société, vous pouvez choisir entre rémunération et dividendes.

Optez pour la rémunération si vous êtes travailleur non salarié (TNS), car cela entraîne des cotisations sociales moins élevées. Préférez les dividendes si vous êtes assimilé salarié, car vous serez soumis à un prélèvement forfaitaire de 30%.

Le choix entre rémunération et dividendes impacte également le résultat de la société. Dans le cas d’une société soumise à l’impôt sur les sociétés (IS), le versement d’une rémunération est déductible du bénéfice imposable, contrairement aux dividendes qui ne le sont pas.

Lorsque vous avez la possibilité de vous verser des dividendes, vous pouvez donc et c’est souvent l’une des principales optimisations proposées par votre comptable, déterminer ensemble le bon arbitrage entre rémunération et dividendes. Ceci afin de limiter le poids de vos cotisations sociales, tout en vous assurant des revenus minimums ouvrant droit à cotisation retraite et déductibles de votre résultat. Vous le savez, en matière comptable, la solution réside souvent dans la recherche du bon équilibre !

Consultez notre article pour mieux comprendre les critères de cet arbitrage clé.

Comment fixer la rémunération du dirigeant ?

Fixer une rémunération trop élevée sans justification pourrait entraîner des problèmes. Si vous choisissez de déduire votre rémunération du bénéfice imposable, cela ne sera possible que si votre travail est réel et que la rémunération n’est pas excessive.

Vous avez désormais les éléments pour décider de la meilleure stratégie de rémunération tout en veillant à préserver les intérêts de la société et les vôtres.

Attention à l’effet “première année d’activité” ! Toutes les charges tombent lors de la deuxième année comptable… Et là, c’est très souvent la douche froide avec les cotisations sociales ect…

Confondre sa société avec son compte personnel et faire des dépenses qui ne sont pas liées à l’activité

L’utilisation d’un compte bancaire professionnel est fortement recommandée pour maintenir une séparation claire entre le patrimoine de l’entreprise et celui de l’entrepreneur.

Dans certains cas, l’usage d’un compte professionnel est obligatoire, tandis que dans d’autres, il demeure facultatif. L’obligation dépend essentiellement de la structure juridique de l’entreprise.

Lors de leur création, toutes les formes de sociétés (EURL, SA, SAS, SARL, etc.) doivent ouvrir un compte courant professionnel pour y déposer leur capital social lors de l’immatriculation. Ce compte est indispensable pour recevoir le certificat de dépôt des fonds.

Cependant, il est crucial de ne pas commettre l’erreur de fermer le compte professionnel et d’utiliser le compte personnel du gérant ou de l’associé pour les transactions professionnelles. Cette pratique peut entraîner une requalification fiscale des dépôts professionnels en salaires, ce qui peut avoir des conséquences financières graves en cas de contrôle fiscal.

Les entreprises individuelles (EI) qui n’exercent pas une activité commerciale ne sont pas tenues d’avoir un compte professionnel. Elles peuvent utiliser un compte bancaire personnel pour leurs opérations, évitant ainsi les frais et abonnements. Cependant, il est vivement conseillé d’ouvrir un compte distinct pour l’entreprise afin d’éviter toute confusion en cas de contrôle fiscal.

Les travailleurs indépendants, y compris les micro-entrepreneurs, doivent ouvrir un compte dédié à leur activité si leur chiffre d’affaires dépasse 10 000 € pendant deux années civiles consécutives.

Attention : un compte bancaire dédié n’est pas un compte professionnel.

En réalité, c’est un compte personnel distinct spécifiquement lié à votre activité professionnelle. Ce compte diffère du compte courant que vous utilisez pour vos frais personnelles, assurant ainsi une distinction entre vos transactions privées et celles liées à votre activité.

Qu’il soit obligatoire ou non, il est fortement recommandé d’avoir un compte bancaire professionnel. Cela garantit une gestion clairement distincte entre les finances de l’entreprise et les comptes personnels de l’entrepreneur. De plus, des solutions de gestion en temps réel liées à votre compte pro permettent de générer des économies de temps significatives, justifiant ainsi le choix d’un compte professionnel même s’il n’est pas obligatoire.

Vouloir acheter sa résidence principale avec sa société

Alors, non, votre entreprise ne va pas financer votre maison principale avec vue mer.

Hélas ou tant mieux, dans un sens !

Cependant, vous pouvez acheter votre résidence principale à travers une SCI (Société Civile Immobilière). Pour le coup, il n’y a pas de lien avec votre société d’exploitation et vous pouvez vous lancer avec des proches ou des membres de votre famille.

Avantages de la SCI pour sa résidence principaleInconvénients de la SCI pour sa résidence principale
Gestion simplifiée
Une SCI peut faciliter la gestion de la résidence principale, notamment en cas de copropriété entre plusieurs membres de la famille. La structure de la SCI peut aider à organiser les responsabilités et les décisions liées à la gestion de la propriété.
Coûts et formalités administratives
La création et la gestion d’une SCI entraînent des coûts juridiques et administratifs (rédaction des statuts, immatriculation, frais de notaire, etc.) qui peuvent être plus élevés que pour l’achat en nom propre
Transmission et succession
La SCI faciliter la transmission du patrimoine immobilier aux héritiers, car les parts sociales de la SCI peuvent être transmises plus facilement que la pleine propriété d’un bien immobilier.
Imposition
Les revenus générés par la location de biens immobiliers détenus par une SCI sont imposés à l’impôt sur le revenu, avec une certaine complexité dans la déclaration et le calcul des impôts.
Protection en cas de séparation
Divorce ou autre cas de division, la SCI peut offrir une solution pour gérer la propriété immobilière et les droits des partenaires.
Restrictions financières
Les biens détenus par la SCI sont considérés comme des biens sociaux. Ceci peut restreindre des prêts personnels ou d’autres transactions financières.
Indivision des associés
Les décisions relatives à la gestion de la résidence principale doivent être prises en accord avec les autres associés de la SCI. Attention aux désaccords.
Responsabilité solidaire
Les associés d’une SCI peuvent être responsables solidairement des dettes de la société, ce qui signifie que si la SCI ne peut pas faire face à ses engagements, les associés peuvent être tenus de rembourser les dettes.

Nous vous laissons prendre connaissance des questions clés en matière de fiscalité pour sa résidence principale, juste ici.

Faire des changements juridiques, fiscaux ou sociaux sans en parler en amont avec son comptable

Ouvrir un compte de trésorerie, lancer une activité secondaire ou encore changer de lieu d’exercice et donc d’adresse liée à votre statut juridique… Aïe aïe aïe, un manque de communication sur ces sujets stratégiques peut avoir des incidences graves !

En effet, voyez plutôt votre comptable comme votre partenaire de confiance dans votre projet entrepreneurial : tout changement, questionnement doit être l’objet d’une annonce ou d’un échange. En plus de prendre bonne note et d’agir en conséquence, l’équipe comptable saura vous aiguiller pour que votre situation soit la plus sereine possible, aussi bien au niveau de la fiscalité, que du juridique et des RH.

Voici une liste des changements à partager en amont avec votre comptable :

  • changements d’adresse (perso et pro)
  • création d’une activité secondaire
  • ouverture d’un autre compte bancaire (compte de trésorerie par exemple)
  • obtention d’un véhicule (location, achat…)

Ne pas traiter sa comptabilité au mois le mois et se laisser déborder

Le secret d’une compta sans tracas ? La régularité et la sauvegarde de tous les éléments justificatifs. Ne laissez pas de place au retard et vous serez soulagé(e) du stress que cela implique lors de la clotûre de leur année comptable.

Envisagez le traitement de votre comptabilité (qu’elle soit d’engagement ou de trésorerie) comme un journal de bord de votre navire entrepreneurial en optant pour une ligne de conduite du traitement de votre compta régulière et définit dans le temps.

Suivre les écritures comptables apporte de la sérénité et un suivi des paiements clients plus serein.

La gestion mensuelle (et quotidienne) de votre comptabilité est essentielle pour maintenir le suivi financier de votre activité et de vos finances personnelles.

Voici quelques étapes clé pour bien gérer votre comptabilité chaque mois :

  • Organisez-vous : comme vous le souhaitez du moment que vous pouvez tout retrouver, tels que factures, reçus, relevés bancaires, notes de frais, TVA, etc. Utilisez des outils un logiciel de comptabilité pour suivre vos entrées et sorties d’argent en temps réel. Enregistrez toutes les transactions financières, y compris les revenus, les dépenses, les paiements, et les dépôts. Le must : classez-les dans les catégories appropriées et par mois pour une analyse ultérieure.
  • Communiquez avec votre comptable : en amont ou aval autour de vos résultats, partagez vos interrogations avec un expert ! Un appel à votre responsable comptable sera toujours une source de réassurance ou de compréhension d’une situation fiscale complexe. La communication se fait également en avec le partage de vos rapports financiers avec les parties prenantes internes et externes, tels que les investisseurs, les actionnaires et les membres de l’équipe.
  • Calculez en amont vos impôts : afin de voir venir, mettez de côté les montants nécessaires pour couvrir vos obligations fiscales futures. Il est préférable de préparer les déclarations fiscales mensuelles ou trimestrielles, selon les exigences du pays dans lequel vous exercez votre activité. Un plan de réserve peut vous permettre de mieux gérer sur le long terme cet aspect fiscal.

Sachez que vous pouvez également obtenir des réductions d’impôts intéressants, tels que les dons et mécénats, le crédit d’impôt formation du dirigeant…

Claude Robin, expert-comptable et président du groupe Amarris vous délivre toutes les façons de réduire votre impôt sur les sociétés.

  • Prévisualisez et budgétisez : mettre à jour votre budget prévisionnel en tenant compte des données réelles est précieux. Vous pourrez ainsi ajuster votre business en fonction des résultats mensuels mais aussi effectués en n-1.

Marie Membrut, vous résume les 5 actions incontournables pour aborder sereinement votre comptabilité :

  • Se servir d’une application mobile pour envoyer tous les jours votre facturation sur des logiciels dédiés comme peuvent le proposer FIZEN ou SKWAREL. Un menu intuitif qui vous permettra de paramétrer vos dépenses et recettes.
  • Une fois par mois au minimum, allez qualifier/déposer vos documents, et donc mettre à jour d’un point de vue comptable votre entreprise et tenir ses journaux de comptes.
  • Gardez de votre côté, sur un serveur externe tous vos documents et pièces comptables en sauvegarde.
  • Traitez les demandes de votre comptable sans délai, régulièrement. Ceci vous aidera à optimiser vos comptes annuels sans effet de stress en j-7 !
  • Demandez à votre comptable si vous n’êtes pas sûr(e) d’une dépense, il sera toujours là pour vous guider et vous partager des informations précises sur votre situation.

“Sur une première année d’activité, il est primordial de limiter les dépenses et attendre la fin du premier bilan. En effet, il y a beaucoup de décalage de paiement la première année et tous les impôts arrivent en même temps presque 6 mois après la date de clôture. La gestion de trésorerie est très importante, il faut beaucoup anticiper en amont.” ajoute Marie.

Vous avez besoin d’être éclairé concernant votre projet actuel ou futur ?

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